« Nudge for Change », l’heure est au bilan !

Le 7 novembre dernier s’est déroulée la 6^e édition de Toulouse Change Communication Conference. Elle a été rendue possible grâce aux 18 membres du comité de pilotage, 3 intervenants passionnants, 8 animateurs passionnés, et bien sûr les étudiants bénévoles de l’IUT Information et Communication de Toulouse qui nous a accueilli. Au total 220 personnes sont venues assister à l’événement !

Notre enquête de satisfaction a recueilli l’avis de 33 personnes parmi lesquelles 51,7% ont trouvé les conférences et les intervenants très intéressants. La durée des conférences a été jugée convenable par 88,1 % des répondants et le format demi-journée conférence + demi-journée atelier est le format préféré pour 57,7% personnes ayant participé à l’enquête. Enfin, 51,45% pensent que la communication de la transition et du changement est un levier pour contribuer à la construction du monde de demain.

Cette année nous nous sommes intéressés à la manière dont les nudges peuvent accompagner la transition sociétale et environnementale en tant que composante forte de la communication du changement. Pour ce faire, nous nous sommes entourés d’experts :

• Daniel Luciani à l’initiative de l’événement et président de LUCID (anciennement ICOM21). Il est l’un des précurseurs de la communication responsable et de la RSE. Il est aussi le créateur du serious game Nudge Creator.
• Fabien Girandola, intervenant historique de T3C. Professeur de psychologie sociale, il occupe le poste de directeur-adjoint du Laboratoire de Psychologie Sociale de l’Université d’Aix-Marseille. Il s’intéresse particulièrement aux thématiques de la communication engageante.
• Andreas Eriksson, jeune doctorant en psychologie sociale de la communication environnementale à l’Université de Toulouse et expert en matière de biais cognitifs.

Les nudges face au changement climatique

Fabien Girandola a ouvert le bal avec une conférence intitulée « Climat : les raisons de l’inaction ». Nous avons exploré avec lui les mécanismes psychologiques qui font que chacun d’entre nous est plus ou moins disposé à agir face au dérèglement climatique. En théorie, une majorité de personnes expriment un sentiment de responsabilité personnelle mais dans les faits, peu agissent ; il y a un réel décalage entre les intentions et les comportements. Il est également commun de penser que ce sont les autres qui doivent agir, et non soi-même. Un autre point majeur a été soulevé par Fabien Girandola, en effet chacun a SA représentation sociale du changement climatique et les différentes représentations divergent entre les personnes. Il est donc de mise d’uniformiser les discours pour une meilleure action concertée. Pour cela, la communication engageante est un vecteur prometteur de par son fort pouvoir de sensibilisation et d’engagement.

Andreas Eriksson a ensuite enchaîné avec sa conférence « Comprendre nos biais cognitifs ». En tout, plus de 150 biais cognitifs ont été répertoriés en économie comportementale et en neurosciences ; un sacré challenge pour tout à chacun de passer outre et de rester objectif en toute circonstance ! Ces biais sont à l’origine de toutes les petites erreurs de jugement que nous commettons au quotidien. En effet, le cerveau est paresseux et préfère prendre des décisions rapidement sans trop se prendre la tête. Pourtant, ces biais sont importants et pertinents la plupart du temps ; le cerveau en a besoin pour ne pas reconstruire sa représentation du monde tous les matins. Pour conclure, Andreas Eriksson a attiré l’attention sur le fait que chaque personne possède sa propre logique qui est de fait très subjectivement rationnelle. A la lumière de ces éléments, nous prenons encore plus conscience de la difficulté de fédérer les individus pour agir de concert en faveur d’enjeux globaux comme celui du réchauffement climatique.

Sur ces problématiques, les nudges peuvent nous aider en suscitant subtilement l’engagement des personnes. C’était l’objet de l’intervention de Daniel Luciani qui a clôturé la matinée. Les nudges sont partout mais ils ne résolvent pas tous les problèmes. Il y a également une grande part d’éthique qui entre en jeu pour ne pas tomber dans la manipulation. En effet, la frontière entre influence et liberté reste très fragile en communication engageante. Même si elle vise le bien commun et l’intérêt général, a-t-on le droit d’influencer les esprits et jusqu’où peut-on aller ?
Daniel Luciani a également appuyé le fait que ce qu’il nous manque, c’est la capacité à percevoir la menace climatique au niveau émotionnel. Notre cerveau possède deux systèmes de pensée : le premier automatique et rapide, le deuxième basé sur l’expérience et la réflexion. Les nudges profitent donc de ce 1^er système pour inciter les individus à prendre les bonnes décisions sans les priver de leur liberté. Ce sont de véritables facilitateurs et accélérateurs décisionnels.
Ainsi nous a été présenté pour la première fois le serious game Nudge Creator, un jeu collaboratif en plusieurs phases pour accompagner les personnes à la création de nudges en fonction de leurs problématiques. Il était également mis en vente lors de l’événement.

La mise en pratique

Après une petite pause repas bien méritée, nos partenaires ont lancé l’atelier « Nudge Battles » pour l’après-midi. Le but : répondre à des problématiques en imaginant un nudge grâce au serious game Nudge Creator. Ainsi, nos 8 équipes ont dû plancher durant un temps limité (2 heures) sur les quatre sujets suivants, accompagnées par nos animateurs formés à la méthode :

• Comment inciter les personnes revenant d’un voyage en zone tropicale à utiliser des répulsifs durant 7 jours après leur retour pour éviter la propagation de virus exotiques en métropole ? Défi proposé par l’ARS Occitanie.
• Comment faire pour que les visiteurs d’une antenne administrative physique se dirigent spontanément vers des ordinateurs en libre-service plutôt que d’attendre l’arrivée d’un conseiller ? Défi proposé par la CAF de la Haute-Garonne.
• Comment faire pour inciter aux déplacements doux et durables lors des trajets domicile-travail ?  Défi proposé par le Conseil Départemental de la Haute-Garonne.
• Comment faire pour que les salariés d’une entreprise abandonnent leur automobile pour venir au travail, au profit de modes de déplacement inclus dans le forfait « mobilité durable » mis en place par l’employeur ? Défi proposé par la DREAL Occitanie.

Les participants ont pu prendre en main la méthode Nudge Creator et ont répondu aux problématiques de manière efficace et créative. Les différentes trouvailles des équipes ont ensuite été présentées et soumises au vote du public en direct grâce à une configuration ludique et interactive. Nos partenaires étaient ravis de ce qui est ressorti de cet atelier et sont repartis avec de la matière pour mettre en place des dispositifs adéquats.

Allons plus loin, ensemble

Tout au long de la journée, l’événement a été live-tweeté et a déclenché beaucoup d’interaction. Ainsi, 64 utilisateurs se sont exprimés sur les réseaux avec un total de 216 publications. Pas moins de 125 photos et 67 vidéos ont été postées pour une portée de plus de 56 000 personnes potentiellement atteintes ! T3C a conquis Twitter !

Cette édition a été une vraie réussite. Tout cela grâce à l’initiative des organisateurs, LUCID (anciennement ICOM21) et l’IUT InfoCom de Toulouse, et aussi grâce au soutien de nos partenaires : l’ARS Occitanie, la CAF de la Haute-Garonne, le Conseil départemental de la Haute-Garonne, la DREAL Occitanie, ainsi que l’AREC Occitanie, la Région Occitanie, Simplixi, L’inscription.com, le Club de la Com, Aestetype, la librairie Privat, et M Prod’. Nous remercions également l’Agence ICOM – Agoranet, Taly&Co., My Planet Event, Melle Design, id&d, et Climate Adaptation Consulting pour leur aide.

A l’aube de l’année 2020, toute l’équipe n’a qu’une envie : se remettre au travail pour vous offrir une superbe 7^e édition sur une nouvelle thématique tout aussi passionnante ! L’ambition de T3C c’est bien d’infuser cette dynamique pour accompagner les changements de comportement dans le bon sens, que ce soit pour nous-même ou pour la Planète. Nous souhaitons continuer à partager et diffuser nos savoirs, à apprendre ensemble, à donner des clés et des outils, et à notre échelle, faire la différence pour un monde meilleur.

Merci à toutes et tous et à bientôt !